“La société occidentale doit choisir aujourd’hui entre la vie et le suicide…
Pour se ressaisir, la culture occidentale devra retrouver tout ce qui, dans son histoire et dans ses sources, exalte et favorise le courage et la vie. Et d’abord la source hébraïque, d’où n’a pas cessé de jaillir depuis des millénaires cet appel : ”J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction, tu choisiras la vie afin que tu vives, toi et ta descendance”.
(François Lurçat, La science suicidaire, Athènes sans Jérusalem, p. 282)
Physicien et philosophe des sciences, François Lurçat est décédé il y a tout juste quatre ans, le 27 Tichri 5773, entre la parachat Berechit et la parachat Noa’h, qu’il affectionnait particulièrement. Professeur à l’université de Paris-Sud (Orsay), très apprécié de ses étudiants, et chercheur en physique des particules, il a entrepris à partir de la fin des années 1980 une réflexion approfondie sur la philosophie des sciences, partant du constat de la difficulté à enseigner et à rendre intelligibles les acquis récents de la physique théorique et des effets dévastateurs de l’idéologie scientiste dans le monde contemporain. Ses ouvrages de vulgarisation scientifique et de philosophie des sciences incluent : Niels Bohr, avant/après (Critérion 1990), L’autorité de la science (Cerf 1995), De la science à l’ignorance (éditions du Rocher 2003) et La science suicidaire (F.X. de Guibert, 1999). Les réflexions qui suivent s’inspirent notamment de ce dernier livre, intitulé de manière éloquente “Athènes sans Jérusalem”.
L’oeuvre philosophique de François Lurçat aborde, entre autres thèmes, celui de la crise de la culture européenne, des fondements métaphysiques de la science moderne, du scientisme et de ses effets sur la société occidentale. Cette réflexion s’est nourrie à la double source de la pensée occidentale et de la pensé hébraïque, que François Lurçat a découverte à travers l’oeuvre de penseurs juifs d’expression française (Léon Ashkénazi “Manitou”, Emmanuel Lévinas, André Néher), mais aussi de traductions en français de Maïmonide, des commentaires d’Elie Munk sur la Bible, et d’écrivains et de poètes juifs (Benjamin Fondane, Claude Vigée, etc.).